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    Prévention du suicide et promotion de la vie

    La prévention du suicide est un terme général qui désigne toute activité visant à prévenir le suicide, qu’il s’agisse d’empêcher une personne de se suicider à un moment précis ou de promouvoir la vie au sein d’une communauté dans le but de réduire le risque de suicide à long terme. Le terme est utilisé pour définir le continuum global prévention-intervention-postvention ainsi que les efforts en amont pouvant être déployés par les communautés afin de promouvoir le bien-être, la résilience et l’espoir.

    4,000

    Chaque année au Canada, 4 000 personnes meurent par suicide.

    3x

    Les hommes meurent par suicide trois fois plus souvent que les femmes.

    4x

    Les femmes font des tentatives de suicide quatre fois plus souvent que les hommes.

    Qu’est-ce que la prévention du suicide et la promotion de la vie?

    La prévention du suicide et la promotion de la vie sont utilisées de façon interchangeable : tout ce qui promeut la vie prévient le suicide. Les deux termes sont utiles. En utilisant un langage précis, la prévention du suicide contribue à la déstigmatisation du suicide. En utilisant un langage positif ou fondé sur les forces, la promotion de la vie permet de se concentrer sur notre objectif plus vaste : promouvoir une vie significative.

    Les approches actuelles de la prévention du suicide et de la promotion de la vie sont axées sur les forces de la personne plutôt que sur ses lacunes. Elles tiennent aussi compte de la personne dans son ensemble, y compris des traumatismes et de leur incidence.

    La stigmatisation

    La stigmatisation demeure le plus grand obstacle à la prévention du suicide. Le suicide a été un tabou au sein de nos sociétés pendant tellement longtemps qu’il est profondément ancré dans notre langage, nos pensées et nos comportements inconscients. Par exemple, « commettre un suicide » est une expression encore courante dans la langue de tous les jours, mais elle fait référence à un acte autrefois criminel. Le suicide a été décriminalisé en 1972, toutefois cette expression persiste.

    Qu’est-ce qui perpétue la stigmatisation? L’incompréhension et la peur sont à l’origine de la stigmatisation, c’est pourquoi en apprendre davantage sur le suicide et sa prévention contribue à éliminer la stigmatisation. Les gens qui ont été touchés par le suicide jouent également un rôle important dans l’élimination de la stigmatisation, notamment en parlant de leurs expériences, qu’il s’agisse d’avoir eu des pensées suicidaires ou d’avoir perdu quelqu’un par suicide.

    Le suicide peut-il être évité?

    Le suicide est complexe parce que les personnes sont complexes. Il n’y a jamais qu’une seule raison pour laquelle une personne songe au suicide, et chaque personne qui l’envisage le fait pour des raisons qui lui sont propres. Nous savons que les personnes qui songent au suicide ou qui font une tentative ne veulent pas mourir : elles cherchent un moyen d’échapper à leur douleur psychologique intense ou à leur profond sentiment d’accablement. Elles décrivent un sentiment d’être submergées, coincées ou incapables de trouver une façon pour échapper à leur profonde souffrance psychologique. Elles sont susceptibles de vivre un confit intérieur (ou un sentiment d’ambivalence) : elles souhaitent vivre, mais elles désirent aussi mettre fin à leur douleur insoutenable. Le suicide peut être évité.

    Pour en savoir plus sur la façon de composer avec l’ambivalence, consultez la section Intervention.

    Signes avant-coureurs et signes avant-coureurs graves

    Les personnes qui songent au suicide présentent généralement des signes avant-coureurs.

    Tout changement important dans le comportement peut constituer un signe avant-coureur du suicide. Nous pouvons être plus attentifs aux signes avant-coureurs lorsque nous sommes sensibles à ceux qui nous entourent et lorsque nous comprenons que n’importe qui peut avoir des pensées suicidaires. L’écoute active peut nous aider à cibler les commentaires qui peuvent constituer des signes de difficulté.

    Voici quelques signes avant-coureurs :

    • Affirmations qui indiquent que la personne ressent du désespoir ou qu’elle se considère comme un fardeau
    • Menaces de suicide ou paroles indiquant le souhait de mourir*
    • Recherches de façons de mourir*
    • Tentative de suicide
    • Augmentation de la consommation de substances
    • Incapacité à trouver un sens à la vie ou une raison d’être évidente
    • Isolement social
    • Rage, colère, irritabilité
    • Imprudence
    • Changements d’humeur importants

    *Ces signes avant-coureurs indiquent un risque de suicide immédiat. Restez auprès de la personne qui montre ces signes et mettez-la en contact avec une ressource d’aide. Au Canada, appelez Parlons Suicide au 1-833-456-4566.

    (American Association of Suicidology, s.d.)

    Facteurs de risque et facteurs de protection

    Avant même qu’une personne ne présente des signes avant-coureurs, nous pouvons en apprendre plus à propos de son risque de suicide en tenant compte de différents facteurs dans sa vie. Nous possédons tous des caractéristiques ou des traits de caractère qui peuvent contribuer à notre risque de suicide, ou l’atténuer. Ce sont les facteurs de risque et les facteurs de protection.

    Facteurs de risque

    Les personnes qui présentent les caractéristiques ou les comportements suivants, ou qui font face aux circonstances suivantes peuvent présenter un risque plus élevé de suicide :

    • Tentative de suicide précédente
    • Perte par suicide (un proche est mort par suicide)
    • Maladie mentale (surtout si elle n’est pas traitée, y compris la dépression et la dépression post-partum)
    • Expériences traumatisantes non résolues (y compris les traumatismes d’enfance, les traumatismes intergénérationnels ainsi que ceux liés au racisme)
    • Accès à des moyens de se suicider
    • Réticence à chercher de l’aide
    • Croyance voulant que montrer ses émotions signifie montrer sa faiblesse
    • Prise de risque
    • Agressivité et impulsivité
    • Isolement social
    • Consommation d’alcool ou de drogues perturbant le fonctionnement quotidien

    (Pearlstein et al., 2009; Houle, Mishara et Chagnon, 2008; Ogrodniczuk et Oliffe, 2011; American Psychological Association, 2005)

    Facteurs de protection

    Certains facteurs ou certaines circonstances peuvent empêcher une personne de penser au suicide et augmenter sa résilience. Voici quelques facteurs de protection qui peuvent renforcer la résilience :

    • Relations étroites, positives, et d’un grand soutien avec la famille, les amis et autres personnes
    • Tendance à rechercher de l’aide lorsque nécessaire
    • Aisance à montrer et à exprimer ses émotions
    • Accès facile aux soins de santé mentale; les « bons soins » au « bon moment » (il importe que ces soins ne soient pas stigmatisés, qu’ils soient culturellement appropriés et qu’ils tiennent compte des traumatismes)

    Individus et groupes

    Jusqu’à maintenant, nous nous sommes concentrés sur les expériences individuelles. La prévention du suicide survient à l’échelle individuelle ET à l’échelle du groupe ou de la communauté. Tout le monde peut envisager le suicide, toutefois, certains groupes de personnes, selon la nature du groupe, connaissent davantage le suicide. Cela ne signifie pas que les individus du groupe sont nécessairement touchés, mais en tant que groupe, ils sont exposés à un risque accru. Il est important de comprendre les caractéristiques de ces groupes afin que les efforts de prévention soient adaptés de manière appropriée. Nous appelons ces groupes les populations prioritaires.

    Intersectionnalité et populations prioritaires

    Dans le cadre de la prévention du suicide, les populations prioritaires comprennent notamment les jeunes de la communauté 2SLGBTQ+, les hommes et les garçons, les membres des communautés autochtones, les nouveaux arrivants, les membres de populations racisées et les personnes âgées. Les individus au sein de ces groupes peuvent ne jamais songer au suicide, mais les données montrent que le groupe dans son ensemble est plus touché par le suicide que d’autres groupes.

    Parfois, les gens appartiennent à plus d’un de ces groupes. L’intersectionnalité fait référence à la relation ou à l’interrelation des catégories « sociales » ou au fait que des personnes s’identifient et ressentent les effets de différents groupes. Par exemple, les hommes meurent plus souvent par suicide. Ce groupe comprend également les hommes autochtones qui peuvent vivre un traumatisme intergénérationnel ainsi que de la discrimination fondée sur la race (deux facteurs de risque liés au suicide). Par conséquent, un homme autochtone peut ressentir les effets des caractéristiques définissant les deux groupes (p. ex. le traumatisme intergénérationnel causé par le colonialisme et les attentes sociétales envers les hommes d’être fort et stoïque). Cette complexité doit être prise en considération dans tous les efforts de prévention du suicide visant à soutenir les personnes vivant les effets de l’intersectionnalité.

     

    Pratiques exemplaires

    Le suicide est complexe, c’est pourquoi il existe peu de pratiques exemplaires en matière de prévention du suicide.

    Certaines pratiques exemplaires fonctionnent à l’échelle individuelle, et d’autres, à l’échelle du groupe ou de la communauté. Ce guide est axé sur les approches à l’échelle de la communauté. Comme pour de nombreux enjeux sociaux, le changement dans la prévention du suicide est plus efficace lorsque les pratiques exemplaires sont mises en œuvre dans le cadre d’une réponse coordonnée : une approche à plusieurs volets. Voici les cinq volets :

    • Soutien spécialisé : fournir les soins de santé mentale appropriés de manière opportune
    • Formations et réseaux : établir un réseau de collaborateurs compétents au sein de la communauté
    • Campagnes de sensibilisation du public : éliminer la stigmatisation par l’entremise de la communication de masse
    • Sécurité à l’égard des moyens de se suicider : réduire l’accès aux moyens de se suicider
    • Recherche et évaluation : comprendre la situation et ce qui fonctionne

    (Mental Health Commission of Canada, s.d.)

     

    Soutien spécialisé

    Le soutien spécialisé prend la forme d’activités qui aident directement une personne qui envisage le suicide. Ce soutien peut être assuré par un éventail de fournisseurs de soins, notamment les professionnels, les bénévoles qualifiés et les pairs formés, et dans divers contextes comme les services d’urgence, les soins hospitaliers et de cliniques externes, et les organismes communautaires. Les groupes de soutien et les pratiques d’autoassistance jouent également un rôle. La coordination des systèmes et l’accès aux services sont essentiels. Voici certains exemples de services de soutien spécialisé :

    Les lignes d’écoute téléphonique offrent un accès gratuit, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à des répondants formés qui tendent une oreille attentive en période de crise. À eux seuls, ces services peuvent sauver des vies : une personne en crise ne peut pas rester indéfiniment dans cet état intensifié. Le fait d’avoir un espace où elle peut parler de ce qu’elle vit est souvent suffisant pour préserver sa sécurité dans l’immédiat. Les répondants peuvent aussi entreprendre la création d’un plan de sécurité avec la personne, et l’encourager à chercher de l’aide supplémentaire (Centre de prévention du suicide, 2018). En outre, les répondants évaluent le risque de suicide immédiat et envoient les services d’urgence lorsque nécessaire.

    Parlons Suicide Canada 1-833-456-4566 parlonssuicide.ca
    • Ligne d’écoute d’espoir pour le mieux-être 1-855-242-3310 espoirpourlemieuxetre.ca
    Jeunesse, J’écoute 1-800-668-6868 jeunessejecoute.ca

    Au sein de nombreuses communautés, les hôpitaux jouent un rôle central dans les soins médicaux. Les services des urgences offrent des interventions brèves et rapides en situation de crise. Le fait de se présenter au service des urgences n’entraîne pas nécessairement l’admission en milieu hospitalier, et ce dernier n’est pas toujours le cadre approprié pour une personne qui envisage le suicide. Il est donc important que les hôpitaux soient connectés aux soins communautaires afin d’assurer des transitions en douceur pour les personnes en crise (Centre de prévention du suicide, 2017).

    Le traitement psychologique (ou psychothérapie) est le traitement du mal-être, y compris des pensées suicidaires. Ce traitement ne comprend pas la médication, bien que les deux puissent être combinés. Lorsque le traitement psychologique tient compte des traumatismes et qu’il est culturellement approprié, il peut aider les personnes à apprendre des méthodes saines et efficaces pour faire face aux difficultés.

    Les professionnels de la santé sont plus que jamais conscients des effets des traumatismes. C’est ce qui a conduit à la création de l’approche des Soins tenant compte des traumatismes, qui prend en compte l’incidence des expériences traumatisantes antérieures chez une personne. Cette approche représente un changement de paradigme important passant de ce qui était appelé une « perspective de déficit » à une perspective fondée sur les forces (ministère de la Santé de la Colombie-Britannique, 2013).

    Soins tenant compte des traumatismes
    Renseignements à l’intention des professionnels de la santé [en anglais seulement]
    Visiter le site Web

    La sécurisation culturelle et des compétences culturelles sont des éléments essentiels à la prestation de services aux personnes autochtones, aux nouveaux arrivants et aux membres des populations racisées. Sans elles, les risques d’évaluations inexactes ou inappropriées, de traitement inadéquat et de rechute lors du traitement des traumatismes sont plus grands (Twigg et Hengen, 2009).

    Par exemple, pour traiter efficacement les personnes autochtones ayant vécu un traumatisme, les fournisseurs de soins doivent :

    – être formés à la mise en œuvre d’une approche tenant compte des traumatismes dans un contexte autochtone;

    – être conscients de l’interaction entre les événements historiques traumatisants et les conditions sociales qui ont une incidence sur la communauté et l’individu.

    (Haskell et Randell, 2009; Linklater, 2014)

    Santé des Autochtones
    Stratégies pour des soins culturellement adaptés [en anglais seulement]
    Visiter le site Web

    • Cours sur la santé mentale des immigrants et des réfugiés
    Visiter le site Web

    Les personnes qui ont fait une tentative de suicide peuvent trouver un soutien positif auprès d’autres personnes qui ont vécu la même expérience. De nombreuses personnes ayant fait une tentative de suicide éprouvent un sentiment d’ambivalence – la double expérience de vouloir vivre et de vouloir mourir – une expérience qui peut être abordée entre pairs dans un groupe de soutien.

    Community Helpers Program (en anglais et pour l’Alberta seulement) Visiter le site Web

    Les centres de répit représentent une option sous-utilisée, mais prometteuse, pouvant remplacer le milieu hospitalier pour les personnes qui font une tentative de suicide. Certaines personnes qui ont fait une tentative de suicide ont vécu des expériences négatives dans les hôpitaux. Les centres de répit peuvent être un environnement accueillant où la santé mentale des patients ou des « invités » est la priorité (Croft et al., 2016).

    Formations et réseaux

    Il est pertinent que les personnes jouant différents rôles dans une communauté possèdent divers niveaux de formation à la prévention du suicide. La formation n’est pas exclusive aux fournisseurs de soins professionnels. Elle contribue à éliminer la stigmatisation. Elle donne aux gens le langage et les connaissances pour parler du suicide. Elle peut créer un filet de sécurité bienveillant parmi les fournisseurs de soins.

    Habituellement, les travailleurs sociaux, les premiers répondants, les travailleurs de la santé, les enseignants et d’autres « professionnels soignants » reçoivent un certain niveau de formation en matière de prévention du suicide. Toutefois, tout le monde peut apprendre à reconnaître et à soutenir une personne qui envisage le suicide.

    La formation axée sur les compétences est efficace pour la prévention du suicide, car elle permet aux membres de la communauté de reconnaître une personne qui pense au suicide, de lui tendre la main et de l’aider. Il existe de nombreux niveaux de formation, depuis les modules d’apprentissage en ligne d’une heure qui enseignent à reconnaître les signes avant-coureurs et à engager la conversation, jusqu’aux ateliers de deux jours qui forment les participants à intervenir auprès d’une personne qui pense activement au suicide, voire qui fait une tentative de suicide.

    La formation doit toujours s’inscrire dans le cadre d’une stratégie plus large de prévention du suicide comprenant d’autres pratiques exemplaires; l’efficacité de la formation est limitée lorsqu’il s’agit de la seule pratique mise en œuvre.

    Les personnes qui envisagent le suicide présentent des signes avant-coureurs ou font des appels à l’aide. Habituellement, elles communiquent ces signaux à des personnes en qui elles ont confiance; des gens ordinaires dans leur vie. Les personnes sont plus enclines à se tourner vers des amis ou des collègues lorsqu’elles ont des difficultés plutôt que vers des professionnels. Si nous voyons un ami qui vit des difficultés, savons-nous quoi faire? La formation de sentinelle permet d’acquérir les compétences et les connaissances nécessaires pour reconnaître une personne qui envisage de se suicider et la mettre en contact avec des ressources d’aide. Toute personne ayant la volonté et la capacité d’aider peut être une sentinelle.

    Il a été démontré, dans le cadre d’études, que les formations de sentinelle sont une forme efficace de prévention du suicide (Shannonhouse et al., 2017; Coleman et Del Quest, 2015; Gould et al., 2003).

    Une grande majorité des personnes qui meurent par suicide consultent un médecin dans l’année qui précède leur décès, et plus de la moitié dans le mois qui précède (Gould et al., 2003). La formation des médecins de première ligne est essentielle. Ce type de formation est axé sur la reconnaissance du risque suicidaire chez un patient, sans égard au motif de consultation ayant mené au rendez-vous. Elle vise également à éliminer la stigmatisation dans le milieu des soins et à donner confiance aux médecins pour qu’ils puissent discuter du suicide avec leurs patients. Enfin, cette formation donne aux médecins les moyens d’orienter le patient vers un soutien et des soins de suivi (Centre de prévention du suicide, 2017; Centre de prévention du suicide, 2016).

    Suicide : Confronter ensemble ce sujet sensible
    Modules Web destinés aux professionnels de la santé
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    L’évaluation du risque suicidaire est utilisée dans les milieux cliniques afin de cibler les personnes qui peuvent envisager le suicide. Les méthodes d’évaluation comprennent des questionnaires à propos des pensées et des comportements suicidaires ainsi que des facteurs de risque. En fonction des résultats de l’évaluation, les participants sont mis relation avec du soutien supplémentaire.

    Trousse d’évaluation du risque suicidaire
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    Campagnes de sensibilisation du public

    La normalisation du dialogue entourant le suicide est essentielle à l’élimination de la stigmatisation. Les campagnes de sensibilisation du public favorisent la sensibilisation du public en matière de suicide en alimentant une conversation plus vaste. Les messages peuvent être diffusés par l’entremise de nombreuses plateformes, notamment les réseaux sociaux, les brochures, les affiches et les médias traditionnels.

    Les recherches suggèrent que les campagnes de sensibilisation du public peuvent influer positivement sur les connaissances, la sensibilisation et les opinions entourant le suicide au sein de la population générale. Toutefois, les résultats sont mitigés quant à l’efficacité de ces campagnes dans la promotion des comportements de recherche d’aide. Nous savons que les campagnes ont de meilleurs résultats lorsqu’elles sont ciblées grâce à un message précis. Tout comme pour les autres pratiques exemplaires présentées, les campagnes sont plus efficaces lorsqu’elles sont déployées parallèlement à d’autres stratégies.

    Les campagnes de sensibilisation du public doivent suivre des lignes directrices en matière de communication sécuritaire, faute de quoi, elles peuvent être dangereuses pour le public. Par exemple, si les campagnes présentent le suicide comme une réaction normale et courante, elles normalisent le suicide et peuvent influencer certaines personnes à croire que le suicide est une option.

     

    Création d’une campagne de sensibilisation efficace pour la prévention du suicide
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    Choisir les bons mots : communication sécuritaire pour la prévention du suicide
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    Les médias jouent un rôle important relativement au suicide. En rendant compte du suicide d’une manière réfléchie qui prend en considération la complexité de la situation, et en faisant valoir qu’il est possible de se rétablir de manière à ne plus songer au suicide, les médias peuvent prévenir le suicide. Des récits positifs de rétablissement peuvent être particulièrement puissants. Cependant, la couverture médiatique peut également influencer la décision d’une personne de s’enlever la vie, si elle est déjà en difficulté, notamment lorsque le suicide fait l’objet d’un traitement sensationnaliste ou idéalisé dans les médias, ou lorsqu’il est présenté de manière simpliste (causé par un seul facteur, par exemple). C’est ce qu’on appelle la contagion. Une couverture médiatique responsable peut contribuer grandement à éduquer le public sur le suicide, à éliminer la stigmatisation et à démontrer que les personnes ayant des pensées suicidaires peuvent se rétablir et continuer à vivre une vie satisfaisante (Niederkrotenthaler et Till, 2019).

    En-Tête : reportage et santé mentale
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    Sécurité à l’égard des moyens de se suicider

    La sécurité à l’égard des moyens de se suicider consiste à cibler les méthodes utilisées pour mourir par suicide et à les rendre plus difficiles d’accès. À l’échelle de la communauté, il s’agit de l’approche de prévention du suicide la plus efficace. Toutefois, comme elle requiert habituellement la participation des gouvernements, le changement peut être un processus complexe. Pourquoi cette approche fonctionne-t-elle? Lorsque les pensées suicidaires des personnes s’intensifient, leur perspective se rétrécit jusqu’à devenir un tunnel. Si la méthode de suicide qu’elles ont choisie est inaccessible, elles sont incapables, à ce moment-là, de changer et de trouver un nouveau plan. Elles ne font donc pas de tentative de suicide à ce moment précis. La sécurité à l’égard des moyens de se suicider permet à une personne qui pense au suicide de faire une pause pour reconsidérer son plan et lui donne la possibilité de demander de l’aide.

    Voici certains exemples de sécurité à l’égard des moyens de se suicider :

    • Contrôle des armes à feu
    • Emballage sous forme de plaquette des médicaments
    • Contrôle des pesticides
    • Barrières pour les ponts (et barrières pour d’autres endroits en hauteur)
    • Entreposage sécuritaire des objets relatifs aux méthodes de suicide dans le domicile (armes à feu, médicaments, cordes)

    Des études ont montré que la sécurité à l’égard des moyens de se suicider est une forme efficace de prévention du suicide, en particulier lorsqu’il s’agit du contrôle des armes à feu, de la restriction des pesticides, de la désintoxication du gaz domestique et de la restriction de certains médicaments sur ordonnance (Gould et al., 2003).

    Réduire les risques de suicide en créant un espace sécuritaire à la maison
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    Recherche et évaluation

    Comment savoir ce qui fonctionne? Comment savoir quels sont les effets de nos efforts? La recherche et l’évaluation continues nous donnent une fenêtre sur l’incidence de notre travail et sur les lacunes qui subsistent. La recherche sur la prévention du suicide est vaste. Elle touche tous les sujets, des populations prioritaires à l’incidence des facteurs de risque, en passant par les traumatismes, la restriction des moyens et, plus récemment, l’examen des facteurs de protection et du bien-être mental. Idéalement, la recherche guide notre pratique.

    La collecte de données est également essentielle à la recherche. Au Canada, les données concernant les décès par suicide sont d’abord compilées à l’échelle provinciale ou territoriale par le coroner ou le médecin légiste, puis les données sont soumises à Statistique Canada. Nous savons que les données concernant les décès par suicide sont sous-déclarées, mais leur collecte et leur surveillance sont des éléments essentiels pour comprendre le paysage du suicide.

    L’évaluation comprend la surveillance et l’évaluation directes de l’efficacité des activités de prévention du suicide ainsi que de la manière dont ces activités sont mises en œuvre.

    L’évaluation contribue à déterminer si les résultats souhaités sont atteints et si des changements doivent être apportés aux programmes. Une évaluation robuste détermine ce qui fonctionne (les forces), ce qui ne fonctionne pas (les lacunes), et ce qui doit être modifié.

     

    Références

    American Association of Suicidology. (s. d.). Warning signs. Repéré à https://suicidology.org/resources/warning-signs/

    American Psychological Association. (2005). Men: A different depression. Repéré à http://www.apa.org/research/action/men.aspx

    British Columbia Ministry of Health. (2013). Trauma-Informed Practice Guide. Repéré à http://bccewh.bc.ca/wp-content/uploads/2012/05/2013_TIP-Guide.pdf

    Canetto, S. et Sakinofsky, I. (2010). The gender paradox in suicide. Suicide and Life-Threatening Behavior, 28(1), 1-23. Repéré à https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1943-278X.1998.tb00622.x

    Centre de prévention du suicide. (2018). A caring conversation: What suicide prevention can look like. Repéré à https://www.suicideinfo.ca/resource/caring-conversation-suicide-prevention/

    Centre de prévention du suicide. (2017). Aiming for perfection: The zero suicide movement. Repéré à https://www.suicideinfo.ca/resource/ie23-aiming-perfection-zero-suicide-movement/

    Centre de prévention du suicide. (2016). What does successful recovery look like?  Repéré à https://www.suicideinfo.ca/resource/recovery-suicide/

    Coleman, D. et Del Quest, A. (2015). Science from Evaluation: Testing Hypotheses about Differential Effects of Three Youth-Focused Suicide Prevention Trainings. Social Work in Public Health, 30(2), 117-128.

    Croft, B., Ostrow, L., Italia, L., Camp-Bernard, A. et Jacobs, Y. (2016). Peer interviewers in mental health services research. The Joural of Mental Health Training, Research and Practice, 11(4), 234-243.

    Gould, M. S., Greenberg, T. E. D., Velting, D. M. et Shaffer, D. (2003). Youth suicide risk and preventive interventions: a review of the past 10 years. Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, 42(4), 386-405

    Haskell, L. et Randall, M. (2009). Disrupted attachments: A social context complex trauma framework and the lives of Aboriginal peoples in Canada. Journal of Aboriginal Health, 5(3), 48-99.

    Houle, J., Mishara, B. et Chagnon, F. (2008). An empirical test of a mediation model of the impact of the traditional male gender role on suicidal behavior in men. Journal of Affective Disorders, 107(1-3), 37-43.

    Linklater, R. (2014). Decolonising trauma work: Indigenous practitioners share stories and strategies. Toronto, ON. : Fernwood Books Ltd.

    Mental Health Commission of Canada. (s. d.). Roots of Hope: A community suicide prevention project. Repéré à https://www.mentalhealthcommission.ca/English/roots-hope

    Niederkrotenthaler, T. et Till, B. (2019). Suicide and the media: From Werther to Papageno effects – A selective literature review. Suicidologi. doi : https://doi.org/10.5617/suicidologi.7398

    Ogrodniczuk, J. S. et Oliffe, J. L. (2011). Men and depression. Canadian Family Physician, 57(2),153-155.

    Pearlstein, T., Howard, M., Salisbury, A. et Zlonsky, C. (2009). Postpartum depression. American Journal of Obstetrics & Gynecology, 200(4), 357-364.

    Ritchie, H., Roser, M., Ortiz-Ospina, E. (2015). Suicide.  Repéré à https://ourworldindata.org/suicide

    Shannonhouse, L., Yung-Wei, D., Shaw, K., Wanna, R. et Porter, M. (2017). Suicide intervention training for college staff: Program evaluation and intervention skill measurement. Journal of American College Health.

    Statistique Canada. (2019). Tableau 13-10-0392-01 Décès et taux de mortalité par groupe d’âge, selon certains groupes de causes [base de données CANSIM]. doi : https://doi.org/10.25318/1310039201-fra

    Twigg, R. et Hengen, T. (2009). Going back to the roots: Using the medicine wheel in the healing process. First Peoples Child & Family Review, 4(1), 10-19.